Dans « Les Murmures du Temps », Marie Duplantier nous entraîne dans un voyage poétique et mélancolique à travers les méandres de la mémoire et du temps. Ce roman captivant explore la vie d'Élise Deschamps, une femme de 75 ans qui, confrontée à l'apparition des premiers signes d'Alzheimer, entreprend d'écrire ses mémoires pour préserver les souvenirs qu'elle sent lui échapper.
À travers une narration délicate qui alterne entre le présent et différentes époques du passé, nous découvrons l'histoire d'Élise : son enfance dans un petit village de Provence dans les années 1950, sa passion pour la photographie qui l'a menée aux quatre coins du monde, ses amours tumultueuses et ses pertes déchirantes.
Au fil des pages, Élise nous livre ses réflexions sur la nature éphémère de l'existence, la façon dont le temps transforme notre perception des événements et des personnes, et comment certains souvenirs persistent tandis que d'autres s'effacent. Elle nous parle de ces moments fugaces qui définissent une vie, de ces rencontres qui nous transforment à jamais, et de la beauté cachée dans les instants ordinaires.
Parallèlement, nous suivons la relation touchante qui se développe entre Élise et sa petite-fille Camille, qui l'aide dans son projet d'écriture. À mesure que les souvenirs d'Élise sont couchés sur le papier, Camille découvre une grand-mère qu'elle n'a jamais vraiment connue et comprend mieux ses propres choix de vie.
« Les Murmures du Temps » est une ode à la mémoire, une réflexion profonde sur le passage du temps et sur ce qui, en définitive, constitue l'essence d'une vie. C'est aussi une célébration de la transmission entre générations et du pouvoir des histoires pour nous relier les uns aux autres.
Avec une prose élégante et sensible, Marie Duplantier signe ici un roman émouvant qui nous invite à réfléchir sur notre propre rapport au temps et aux souvenirs qui façonnent notre identité.
« Je m'appelle Élise Deschamps et je perds la mémoire. Pas d'un seul coup, comme on égare un objet précieux, mais lentement, par fragments qui s'effritent comme de vieux papiers jaunis par le temps. Le médecin a prononcé ce mot que je redoutais tant : Alzheimer. Un mot qui sonne comme une sentence, comme le début d'un long adieu à moi-même. »
Le docteur Moreau avait été gentil, presque paternel, malgré ses quarante ans à peine. Il avait posé sa main sur la mienne, un geste qui se voulait réconfortant mais qui n'avait fait que souligner la gravité de la situation. Je n'avais pas pleuré. Pas encore. J'avais simplement hoché la tête, comme si nous discutions de la pluie et du beau temps.
« Ce n'est que le début, Madame Deschamps. Nous avons des traitements qui peuvent ralentir la progression. Vous avez encore du temps devant vous. »
Du temps. Quelle ironie. Toute ma vie, j'ai couru après le temps. Pour capturer l'instant parfait dans l'objectif de mon appareil photo. Pour voir le monde avant qu'il ne change. Pour vivre pleinement, intensément. Et maintenant que je ralentis enfin, c'est le temps qui me rattrape et commence à effacer mes traces.
En sortant du cabinet médical, j'ai levé les yeux vers le ciel de Paris. Il était d'un bleu limpide, presque provocant. Les gens autour de moi marchaient vite, pressés, inconscients du drame qui se jouait dans ma tête. J'ai ressenti soudain le besoin urgent de tout noter, de tout consigner avant que les souvenirs ne m'échappent complètement. Comme un naufragé qui rassemblerait ses biens les plus précieux avant que la mer ne les engloutisse.
« New York m'a accueillie dans un tourbillon de lumières et de bruits. La galerie Westwood, nichée dans Chelsea, était plus prestigieuse que tout ce dont j'avais osé rêver. Mes photographies de l'Inde, agrandies, encadrées avec soin, racontaient une histoire que je n'avais pas pleinement saisie en les prenant. C'est souvent ainsi : l'œil capte, mais c'est plus tard que l'âme comprend. »
La soirée d'ouverture avait attiré une foule élégante et cosmopolite. Je me sentais étrangement détachée, comme si j'observais la scène à travers l'objectif de mon appareil. Antoine, magnifique dans son costume sombre, naviguait d'un groupe à l'autre avec aisance, jouant parfaitement son rôle d'époux de l'artiste. Il était fier de moi, je le savais, mais quelque chose dans son regard trahissait une distance nouvelle entre nous.
« Votre travail est remarquable, Madame Deschamps. La façon dont vous capturez la lumière... c'est comme si vous photographiez l'âme des lieux, pas seulement leur apparence. »
L'homme qui venait de parler était grand, les tempes grisonnantes, avec des yeux d'un bleu intense qui semblaient voir au-delà des apparences. Il s'est présenté comme James Sullivan, critique d'art pour le New York Times. Nous avons parlé longuement, de photographie, de voyage, de la manière dont certains lieux nous marquent à jamais. Il comprenait ce que j'essayais d'accomplir avec mon travail, mieux peut-être que je ne le comprenais moi-même.
Plus tard dans la soirée, quand la galerie s'est vidée et qu'il ne restait plus qu'Antoine et moi, j'ai ressenti cette étrange mélancolie qui m'envahit parfois au moment du succès. Comme si atteindre un objectif longtemps poursuivi révélait soudain son insuffisance à combler le vide en soi. Antoine a dû le sentir, car il m'a prise dans ses bras sans un mot, et nous sommes restés ainsi, enlacés au milieu de mes images, deux étrangers partageant momentanément la même solitude.
Ce roman m'a profondément émue. Marie Duplantier a une plume d'une sensibilité rare qui parvient à capturer les émotions les plus subtiles. J'ai été particulièrement touchée par la relation entre Élise et sa petite-fille, qui m'a rappelé celle que j'entretenais avec ma propre grand-mère. La façon dont l'auteure aborde le thème de la mémoire et de sa fragilité est à la fois poétique et terriblement réaliste. Un livre que je recommande chaudement à tous ceux qui s'interrogent sur le passage du temps et la transmission entre générations.
J'ai beaucoup apprécié ce roman pour sa profondeur et la beauté de son écriture. Marie Duplantier a un véritable talent pour décrire les paysages et les émotions. J'ai été transporté dans les différentes époques de la vie d'Élise avec une grande facilité. Le seul bémol pour moi concerne le rythme, parfois un peu lent dans la deuxième partie. Mais la fin est magnifique et rachète largement ce petit défaut. Une lecture qui m'a fait réfléchir sur ma propre relation au temps et aux souvenirs.
Je suis tombée par hasard sur ce livre et quelle découverte ! Marie Duplantier signe ici un roman d'une grande finesse psychologique. La façon dont elle traite le thème de la maladie d'Alzheimer est remarquable de justesse et de sensibilité, sans jamais tomber dans le pathos. Les personnages sont d'une richesse incroyable, en particulier Élise dont on suit l'évolution à travers les différentes époques de sa vie. J'ai été particulièrement touchée par les passages sur sa carrière de photographe et sa vision du monde à travers son objectif. Un livre que j'ai déjà recommandé à tous mes proches.
Claire Fontaine
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